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Libération
Critique

Livres. Evincé l'an dernier de «Nulle Part Ailleurs», l'animateur Guillaume Durand règle ses comptes dans un livre-thérapie. Cauchemars à Canal. Guillaume Durand, «la Peur bleue», Grasset, 115 F.

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publié le 28 février 2000 à 22h34

Pendant près d'un an, Guillaume Durand s'est livré à une thérapie

par l'écriture. Il s'agissait pour le journaliste de panser les blessures ­ étonnamment profondes ­ que lui a laissées son éviction de Canal + l'an dernier. Sous les railleries des Guignols, Guillaume Durand avait dû céder à Nagui son siège d'animateur de Nulle part ailleurs. Pas de quoi en faire un fromage, a priori. Guillaume Durand en a pourtant fait une véritable affaire personnelle: à longueur d'interviews, il s'est mis à développer une critique (plutôt bien vue) du «système Canal», chaîne de ses rêves devenue scène de ses cauchemars. Restait à en faire un livre. Le voici.

Plutôt que le pamphlet que le microcosme attendait avidement, la thérapie a produit une drôle de confession, impudique, voire exhibitionniste. En ressassant sa rancoeur vis-à-vis de ses «bourreaux», Guillaume Durand a laissé glisser sa plume vers des territoires plus intimes: digressions sur sa vie privée, sa culture, son métier. Exercice déroutant, souvent pathétique, mais avec de beaux éclairs de lucidité. Et d'abord celui-ci: «Il y a une vraie obscénité de la littérature télévisée: le roman de présentateur, les "choses vues du studio ["]. Qui n'a pas sous le coude son petit roman d'initiation, sa blessure secrète, son mystère? Je n'y échappe pas. J'ai, d'une certaine manière, la sincérité ridicule.»

Au chapitre règlements de comptes, rien de bien neuf pour les aficionados: Alain de Greef, patron des programmes de Canal +, et Bruno Gacc