Depuis le début des années 90, le monde s'est habitué à la faible
inflation. Certaines des raisons en sont connues et vont se perpétuer: amélioration de l'efficacité du capital avec les nouvelles technologies; déréglementation des marchés et accroissement de leur taille, qui font baisser les prix de certains biens (télécommunications, électricité"); ouverture des frontières et concurrence accrue; rendements d'échelle croissants exploités avec les fusions. Mais l'absence d'inflation a aussi résulté de causes accidentelles qui ne se renouvelleront pas: stagnation économique assez généralisée dans les pays de l'OCDE autres que les Etats-Unis; crise des pays émergents en 1997 et en 1998; maintien en Europe d'un chômage massif; production potentielle beaucoup plus élevée que la production effective. Ces causes-là vont disparaître.
Cela affectera d'abord les prix des matières premières. Jusque-là, la hausse du prix du pétrole (de 10 à 28 dollars le baril depuis le début de 1999) est surtout due à la restriction de l'offre par les pays de l'Opep: la capacité de production mondiale reste assez largement supérieure à la demande. Il n'en sera pas de même l'année prochaine: la croissance mondiale (3% par an) va entraîner la demande de pétrole au niveau de l'offre, et les prix du pétrole monteront pour une raison physique. Il en est de même pour d'autres matières premières comme les métaux précieux, dont les prix, tirés par la demande, surtout par les industries des nouvelles technologies