Le grand paradoxe de l'histoire récente de la Russie tient au fait
que l'Occident a chaleureusement applaudi les efforts des gouvernements successifs de Boris Eltsine pour mettre en place la démocratie et l'économie de marché, alors que ces mêmes réformes servaient en fait de paravent à l'instauration d'un nouveau type de stalinisme.
A l'époque stalinienne, près d'un tiers de la population travaillait pour un salaire de misère si ce n'est pour rien. Aujourd'hui, cette proportion a doublé. La qualité de l'infrastructure médicale se dégrade à vue d'oeil. Un million d'individus sont incarcérés dans des conditions effroyables, la durée de détention préventive atteignant en moyenne deux à trois ans.
Vingt millions de personnes ont d'une manière ou d'une autre succombé au régime de Staline: victimes d'exécutions, des camps de travail, morts en exil ou de famine. Aujourd'hui, en raison de conditions de vie déplorables, la population russe régresse à raison d'un million d'habitants par an auxquels s'ajoutent les pertes des deux conflits tchétchènes. Une vague de terreur mafieuse sévit d'un bout à l'autre du pays. Néanmoins, les citoyens russes sont officiellement libres, et même autorisés à se rendre à l'étranger. Vive le modernisme!
Sous Staline, on ne connaissait ni liberté de la presse, ni élections libres, ce qui n'est plus vrai aujourd'hui. Mais l'envolée du prix de vente des magazines, l'appauvrissement global de la population, ont provoqué une chute de 40% du taux de circulati