La tournée avortée d’Enrico Macias en Algérie est un coup médiatique dont les promoteurs ont espéré tirer profit sur le plan extérieur, mais ils ne se sont pas doutés qu’elle se retournerait contre eux. Tout a été monté pour dire: «Je veux bien, mais regardez quel pays je gouverne! Aidez-moi à les neutraliser, à les éradiquer ces islamistes antisémites!» Dans cette affaire, Abdelaziz Bouteflika apparaît comme un démocrate tolérant gouvernant un peuple revanchard, raciste et antisémite. Quelle aubaine cet Enrico Macias pour le régime! Mais alors si le Président est à ce point si différent idéologiquement du peuple qu’il représente, qui l’a élu? C’est une énigme pour la science politique qu’un peuple intolérant élise un président ouvert et éclairé. Il y a aussi une autre énigme à éclaircir: qui a décidé d’annuler la tournée en Algérie d’Enrico Macias, alors qu’il a été invité par le Président? Mais gouverne-t-il vraiment ce pauvre Bouteflika, dont personne ne soupçonnait la capacité intarissable à discourir et la volonté gargantuesque de monopoliser les médias pour promettre la chose et son contraire? Si un président ne peut même pas recevoir un artiste qu’il invite, pour ne rien dire des nominations d’officiers supérieurs décidées en son nom, peut-on parler de président? Y a-t-il encore un président en Algérie?
L'opération Macias, apparemment montée de main de maître, devait se faire à l'insu de deux acteurs: Enrico Macias et les médias français. Mais dès lors qu'Enrico Maci