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Libération

Droite-droite toute.

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publié le 10 mars 2000 à 22h57

L'actualité culturelle" Quand une oeuvre de fiction copule aussi

grossièrement avec le réel, il faut ne pas s'interdire de traiter de l'actualité culturelle (il faut, d'ailleurs, ne rien s'interdire). Là, je pense au Petit Voleur, le film de Zonca auquel Arte, en le diffusant dans sa série «Gauche-droite» (tentative de définition de l'une et de l'autre), a donné un statut particulier d'objet de réflexion politique. Avec une ambition si explicitement politique dans son rejet du politique que le Petit Voleur est susceptible de faire date. Une scène unique, au coeur du film, justifie et théorise le rejet de la chose publique censé faire florès auprès des jeunes générations. (Le retour de la morale, en épilogue, avec le précepte Tu ne voleras point ­ non parce que «c'est mal», mais parce que «ça ne paye pas» ­, est épiphénoménal.) Dans cette scène que j'ai dite, trois voyous évoquent, avec une débauche de violence verbale, «les pompes à 10 000 balles» d'un ponte de la République, censées justifier leur activité, non de récupérateurs prolétariens, mais de truands. L'affaire Dumas, bien sûr, comme repoussoir et alibi suggéré de la désaffection de la chose publique" Mais on n'est pas dans le Petit Voleur de Zonca comme dans le Voleur de Georges Darien, voire le Pickpocket de Bresson. On est, chez Zonca, dans la pure loi du profit, version hard, certes, («Tu prends la thune là où elle se trouve»), mais peu ou pas du tout différente de l'autre («Votre argent m'intéresse!»). Zonca s'y