La seconde guerre en Tchétchénie marque le tournant du siècle: une
ville est rasée et un pays ravagé. Nous avons cet hiver entendu des témoignages effrayants sur les camps de filtrations: la criminalité politique d'Etat en jeu ressemble par l'usage qu'elle fait de la cruauté extrême à la pratique du «nettoyage ethnique» en ex-Yougoslavie. Mais pourquoi cet usage politique d'une extrême cruauté qui tente de porter atteinte à la sexualité et à la fécondité des victimes? Au cours du XXe siècle on la rencontre essentiellement dans les prisons et les camps des régimes fascistes et totalitaires, assassins de leur propre population parmi d'autres, faiseurs de guerres et de cataclysmes écologiques, usant de la torture pour produire la terreur à défaut du consentement, selon des variantes historiques qui, de l'Amérique latine jusqu'à la Chine, marque notre XXe siècle. Les régimes démocratiques aussi pratiquèrent parfois ce type de criminalité politique d'Etat dans leurs guerres coloniales, par exemple celle des Français en Algérie, des Américains au Viêt-nam, où massacres aléatoires, internements arbitraires, camps, tortures et viols, villages rasés, etc. furent avérés. Cela s'appelle «nettoyer» en langage politico-militaire, et ce verbe n'a nul besoin d'être étayé par une franche idéologie d'extrême droite explicitement raciste et non démocratique. Le programme militaire du «nettoyage» implique d'emblée une guerre sale. L'engrenage du nettoyage contre «les terroristes» finit toujo