Voilà un texte qui tombe au bon moment. En plein crépuscule
politique des Tiberi, Jean-Philippe Immarigeon, l'ancien avocat de Lyne Cohen-Solal, l'adversaire du maire de Paris aux législatives de 1997, livre un méticuleux décorticage du dossier des fraudes électorales du Ve arrondissement, une affaire toujours à l'instruction au tribunal de grande instance de Paris. La question centrale de l'auteur est simple: pourquoi des fraudes, alors qu'elles ont été reconnues effectives par le gardien du droit, à savoir le Conseil constitutionnel, n'ont-elles toujours pas été sanctionnées? Certes, les sages ont estimé que ces fraudes, même avérées, n'ont pu inverser le résultat du scrutin. Mais, une fois sa décision rendue, le Conseil constitutionnel a systématiquement refusé de transmettre son rapport (qui inclut une liste de faux votants) au juge pénal, s'abritant derrière le secret de sa procédure. Pour Jean-Philippe Immarigeon, cette attitude s'explique par d'autres motifs, moins avouables: «La procédure suivie devant le Conseil constitutionnel se veut contradictoire, impartiale, semblable à celle d'une juridiction de droit commun; elle reste secrète, inaccessible et, pour dire le mot, politique.» Difficile, alors, de ne pas voir un indice dans la présence de Roland Dumas à la tête du Conseil. L'auteur relève ainsi que même «le très technique et très apolitique Recueil Dalloz» écrit: «En fait, on ne peut s'empêcher de suspecter la prise en compte d'autres considérations dans la pos