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TRIBUNE

La «nouvelle économie» hisse les cours à des sommets déments. Mais en valorisant l'extrême et l'hypothétique long terme, elle expose les marchés à la débâcle. L'Internet ou la foire aux vanités.

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par Régis TURRINI
publié le 23 mars 2000 à 23h20

La valorisation des titres Internet est démente, chacun le constate

mais rares sont ceux qui semblent s'en soucier. Ce qu'il est convenu d'appeler la «nouvelle économie» a visiblement rendu complètement folle la quasi-totalité de la planète financière. On hésite toujours à tenir ce genre de propos: pourquoi aurait-il raison contre le reste du monde, ce brave garçon tout seul, ne représentant rien ni personne, n'ayant pour maigre viatique que de pauvres arguments de bon sens? Où sont le rêve, la poésie, la folie? La vie est belle, l'époque est merveilleuse, à bas le rabat-joie. Jamais le marché n'a été aussi rationnel et cohérent en valorisant l'extrême long terme, tel est le nouveau credo.

Les bonnes âmes de la finance ignoreraient-elles les faits que nul n'ignore? Soyons charitable et supposons-le. Il leur reste alors à en prendre connaissance. Pas question, toutefois, de jouer ici les maîtres de morale ou de vertu, les gourous de la Bourse. Simplement remarquer que le business model des valeurs Internet est celui d'une fuite en avant, d'une rivière sans retour qui sacrifie le court terme pour un très hypothétique long terme. Des cours qui se multiplient comme des petits pains, doublent, triplent, font huit, neuf, dix fois la culbute, le tout en quelques mois, il y a certainement là un phénomène tout à fait extraordinaire, comme on n'en a jamais vu dans l'histoire moderne de la Bourse. Un phénomène qui, si on le compare à la tendance baissière du reste de la cote, donne le se