C'est un exercice austère auquel se sont livrés Laurent Joffrin et

Philippe Tesson en engageant un long débat autour de la question «Où est passée l'autorité?» Mais on leur accordera d'emblée que les journalistes en général sont suffisamment accusés d'en rester à la superficie des choses, pour qu'on ne se félicite pas que deux d'entre eux, éditorialistes réputés et compères d'une causerie radiophonique sur France Inter le samedi matin, aient relevé le défi d'une telle confrontation intellectuelle.

Pourtant si ce débat emprunte nécessairement les voies de l'abstraction, il est d'une actualité telle dans les mutations en cours de la société, qu'il permet de (re) passer en revue nombre de sujets qui accaparent l'opinion. L'Etat et ses responsabilités, la politique et ses interrogations, la Justice et ses enjeux, la famille et ses transformations, le marché et ses contraintes: le concept d'autorité est partout en question, sinon à la question.

Enregistré durant l'été 1999, publié sous forme de livre en ce début d'année, cet échange croisé tombe à point pour éclairer les déboires réformistes de l'actuel gouvernement. Sans doute Laurent Joffrin y trouverait-il l'illustration de sa thèse selon laquelle il ne suffit pas d'avoir le pouvoir pour détenir l'autorité et Philippe Tesson le signe supplémentaire de la démission du politique face aux corporatismes et aux individualismes.

Deux points de vue qui ne sont pas irréconciliables en tout, mais que l'on voit s'affronter en tout domaine a