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Libération

Economiques. Les baisses d'impôts sont-elles de gauche?

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publié le 27 mars 2000 à 23h16

Aux Etats-Unis, c'est la droite qui baisse les impôts; en France

c'est la gauche. Comment comprendre ce paradoxe? A l'heure où Jospin annule les impôts décidés par Juppé, aux Etats-Unis les républicains promettent des baisses d'impôts que les démocrates refusent afin, selon la formule du secrétaire au Trésor Larry Summers, de «recharger le canon budgétaire», de profiter de la croissance pour resolvabiliser l'Etat. Il y a bien sûr, dans cette apparente inversion des valeurs, la part des circonstances. Sortant de sept années de croissance ralentie, les Français aspirent à être dédommagés de leurs années d'abstinence. Il y existe une véritable attente de l'opinion: comment mieux célébrer la fin d'un régime difficile qu'en faisant un bon repas? Baisser les impôts lorsque les recettes sont élevées n'a rien, en soi, de malfaisant. Une telle mesure est applaudie par ceux, à droite, qui trouvent que l'Etat est trop pesant et par ceux, à gauche, qui se félicitent que l'on distribue du pouvoir d'achat. On notera toutefois une certaine fébrilité. La croissance est de retour, mais le principe de précaution aurait voulu qu'on laissât jouer les «stabilisateurs automatiques», qui consistent à réduire le déficit en période de reprise, afin de mieux le laisser se creuser en période de récession. Ce principe était d'ailleurs au coeur des objectifs que la France voulait assigner aux membres de la zone euro. L'idée proposée en son temps par Dominique Strauss-Kahn était de coordonner les décisi