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TRIBUNE

Après le débat lancé par Lionel Jospin sur l'avenir de l'île, un référendum s'impose pour savoir dans quelle direction les insulaires souhaitent aller. Le peuple corse existe, mais que veut-il?

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par Gabriel-Xavier CULIOLI
publié le 6 avril 2000 à 0h15

La récente manifestation nationaliste de la fin du mois de mars a

réuni aux dires de tous les observateurs honnêtes un peu plus de 13 000 personnes dans les rues d'Ajaccio. La qualité des manifestants dépassait d'ailleurs les rangs militants des organisations signataires de l'appel pour «un pouvoir législatif local». Pour la première fois depuis dix ans, on y retrouvait un public populaire, de toutes les classes d'âge, de toutes les couches sociales. C'est que la Corse a été secouée par le résultat du vote produit par l'Assemblée territoriale concernant les propositions à faire au Premier ministre.

Contrairement à toutes les attentes, une majorité s'est dégagée contre une évolution significative du statut actuel. Cette coalition de tous les archaïsmes, gaullistes, sociaux-démocrates et communistes, exprime à n'en pas douter une sensibilité réelle dans cette île qui hésite sans cesse entre des appels incantatoires en direction de l'Etat pour rétablir la justice ou apporter plus de subventions et une révolte souvent désordonnée contre ce même Etat accusé de tous les péchés du monde.

La motion dite des 26, et donc majoritaire, traduisait cette profonde ambiguïté dans laquelle la Corse vit depuis des siècles sa relation au pouvoir dominant, relation qui s'étiole tandis que l'Etat-providence perd de son efficacité. La motion des 22, donc minoritaire, rassemble en son sein les nationalistes de Corsica Nazione (suivis par tous ceux qui ne sont pas représentés sur les bancs de la colle