La «bavure» de Ris-Orangis n'est pas une bavure. Il s'agit du
symptôme d'un mal, de la conséquence de choix politiques fondamentaux, puis d'une succession de manquements administratifs et judiciaires qui rendent de telles pratiques pratiquement inévitables sinon implicitement autorisés.
Tout d'abord, il n'échappera à personne l'origine raciste de l'incident. Rien d'étonnant à cela: avec la tentation du recours à la violence et à l'arbitraire, le racisme (et l'omerta jalouse qui le recouvre) est l'une des plaies policières qu'aucun pouvoir depuis des lustres n'a jamais su ni voulu guérir, tout emporté qu'il était par les démons de la raison d'Etat, charmé par les sirènes du sacro-saint «maintien de l'ordre», lorsqu'il ne s'agissait pas des nécessités en grande partie gesticulatoires de l'action antiterroriste.
Par ailleurs, l'incident de Ris-Orangis montre de manière exemplaire, directe et peu contestable, presque caricaturale, l'usage fait par les policiers de l'outrage-rébellion. Dans la panoplie policière qui ne manque guère de moyens, l'outrage-rébellion est un «truc» habituel, pratique et classique pour se tirer d'affaire. Vérifications d'identité tournant au harcèlement, injures à caractère personnel ou racisme, bousculades et même coups ou sévices, tout peut être «couvert» par un bon outrage-rébellion bien troussé!
Comment cela se peut-il? C'est que, face aux affirmations (même mensongères ou rocambolesques) d'un policier, une règle non-écrite et déclinatoire veut qu'au