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TRIBUNE

Pour l'auteur du «Nouvel Humanisme militaire», les génocidaires seraient les «impérialistes» américains et non les séides du régime Milosevic. Kosovo: l'imposture Noam Chomsky.

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par Yves LAPLACE
publié le 14 avril 2000 à 0h05

Une année après la déportation d'un million de Kosovars chassés par

la terreur militaire serbe, les exactions sans nom qui l'ont accompagnée et l'intervention simultanée de l'Otan, voici déjà l'heure des bilans. Noam Chomsky établit un inventaire de sa façon, dans un brûlot aujourd'hui traduit en français: le Nouvel Humanisme militaire, leçons du Kosovo (1), consacré à la dénonciation des crimes et exactions sans nom" de l'Otan contre la Serbie, petit pays «insoumis» et «récalcitrant» qui servirait, selon lui, de paravent et de bouc émissaire aux vrais purificateurs ethniques (américains, turcs ou israéliens).

Au terme d'une lecture harassante, l'évidence saute aux yeux: sur le plan de la lettre et de la méthode, le Nouvel Humanisme militaire est un salmigondis allumé et sectaire. La «rigueur mathématique» et la «patience de juriste» alléguées par son préfacier relèvent plutôt de l'obsession maniaque, de la compulsion de répétition, de l'abus et du détournement de citations; ce sont des méthodes de ficheur, au sens policier du terme.

L'auteur se réclame de George Orwell, de sa lutte contre la censure, contre le totalitarisme moderne et la «novlangue». Cela peut servir. Surtout quand on utilise l'amalgame, l'insinuation, l'intimidation et la délation (envers Vaclav Havel et Elie Wiesel, gravement mis en cause). Recourir à George Orwell et à la critique du totalitarisme est d'autant plus commode et fallacieux que le contempteur du «nouvel humanisme militaire» tente justement d