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Libération
TRIBUNE

Washington et La Havane ont ignoré la volonté de la mère d'Elian qui tentait de fuir la dictature. Le cas devrait maintenant être confié à un juge des Affaires familiales. La déchirure des familles cubaines.

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publié le 15 avril 2000 à 0h02

Dans le développement actuel de l'«affaire Elian», la raison d'Etat

prend le pas sur les considérations humaines et familiales. Les arrangements entre les gouvernements cubain et américain ne prennent nullement en compte les intérêts de l'enfant et ignorent la volonté de sa mère, disparue dans le naufrage de l'embarcation dans laquelle elle tentait de fuir la dictature castriste, avec son jeune fils et d'autres Cubains. Elian Gonzalez a souffert, sans aucun doute, un traumatisme irréparable. Voir disparaître sa mère, son beau-père ainsi que la plupart des occupants de la balsa où il se trouvait constitue pour lui une tragédie incommensurable et sans fin. L'attribution de la garde à son père, le plus proche des membres de sa famille, ne doit pas signifier la négation de la volonté de sa mère, clairement exprimée à travers sa fuite de Cuba, ni des démonstrations évidentes d'affection de sa famille adoptive de Miami.

L'affaire de l'enfant balsero est la manifestation la plus horrible de la déchirure des familles cubaines, provoquée par le régime castriste, qui pousse certains de leurs membres à l'exil tandis que d'autres se voient confinés dans l'île. Le sort d'Elian Gonzalez doit être décidé par un juge aux affaires familiales, et non par les services d'immigration américains ni par la ministre de la Justice, pour échapper aux pressions et aux manipulations politiques, d'où qu'elles viennent. Le juge devrait prendre en compte l'intérêt suprême de l'enfant en confiant l'autorité