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Libération
TRIBUNE

Crime et châtiment de Jean-Paul Sartre. Le supplice de B.-H.L.

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publié le 17 avril 2000 à 0h01

La question de Sartre me prit par surprise: - «Vous vous souvenez

des Châtiments du père Hugo? A Napoléon, pour son crime, le coup d'Etat du 18 brumaire, on inflige un châtiment horrible: que Napoléon III, Napoléon-le-petit, se réclame de lui. Moi, j'ai le châtiment, mais je ne vois pas le crime.

­ Le châtiment?

­ Vous n'avez pas vu? Vous n'avez pas lu? Bernard-Henri Lévy se réclame de moi. Il m'aime. Il me réhabilite. Vous imaginez ça? Avoir comme avocat et principal héritier Bernard-Henri Lévy?

Sartre m'agrippa par le col, me fixant de ses yeux disparates: ­ Qu'est-ce que j'ai fait, hein? Parlez-moi franchement. C'est parce que j'ai dit: "Tout anticommuniste est un chien? A l'époque du livre noir sur le communisme, la sentence tombe: B.-H.L immédiat?

­ Mais non, lui dis-je, c'était très bien, cette phrase! Il est probable, vous l'avez du reste dit, que les communistes français, à l'époque, ne valaient pas grand-chose. Mais il est certain que les anticommunistes ne valaient rien.

­ Comment expliquer alors qu'on m'inflige le supplice du B.-H.L.? Ah! C'est peut-être parce que j'ai dit que la gauche était "un cadavre tombé à la renverse et qui pue?

­ Excellent! Prophétique! Mérite le paradis! Franchement, Jospin après Mitterrand, Blair et consorts, si ce n'est pas politiquement cadavérique, je me demande ce que c'est. Non, il doit falloir chercher ailleurs, dans quelques détails à demi oubliés.

­ Peut-être les années gauchistes? J'y suis! Le tonneau! Ils me punissent d'être monté sur