L'erreur d'Allègre était de dire (et de croire?) que l'élève doit
être au centre du système éducatif: c'est faux, car c'est la relation élèves-professeurs qui est le coeur du mammouth. Il faudrait songer à sélectionner et à former les profs en ajoutant d'autres critères plus psychologiques: la capacité et le désir de s'impliquer dans cette relation qui, pour réussir, doit être à la fois transférentielle, personnelle. Transférentielle et ludique, car, sans imagination et humour, il est impossible de nouer un échange pédagogique. Personnelle, car il ne faut jamais négliger, mettre de côté, les particularités des êtres en présence dans cette relation. On sait comme les élèves sont sensibles aux singularités, aux détails: un vêtement, un geste, une intonation, un visage. On oublie que les profs ont la même sensibilité et qu'il ne faut pas condamner celle-ci, mais l'orienter positivement. J'ai entendu bien des profs dire: «Je ne suis pas là pour me faire aimer des élèves.» Quelle absurdité! Il n'y a pas d'apprentissage sans une demande qui mette en jeu à la fois sensibilité, affectivité et intelligence. Je n'ai jamais donné aux élèves que ce qu'ils choisissaient de prendre dans mon discours et dans mon attitude: je ne sais même pas quoi. Mais je n'ai jamais pu enseigner sans prendre de mon côté chez les élèves, sans me nourrir d'une curiosité, d'une intelligence, d'un sourire, d'une question, d'une intensité singulière. Former un prof, cela n'existe pas actuellement. Il est temps