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TRIBUNE

Le quinquennat contre la Ve République.

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Abandonner le principe du septennat présidentiel déboucherait inévitablement sur la République des partis et la succession accélérée des gouvernements.
par Pierre Lefranc, ancien chef de cabinet du général de Gaulle.
publié le 18 avril 2000 à 23h59
(mis à jour le 18 avril 2000 à 23h59)

Chacun ne manque pas d'être surpris que des hommes politiques se réclamant du général de Gaulle préconisent de modifier la Constitution en suggérant que le mandat du président de la République soit ramené à cinq années.

Une telle modification transformerait la Ve République en régime présidentiel dans la mesure où l'élection du chef de l'Etat et celle des membres de l'Assemblée nationale auraient lieu en même temps, tous les cinq ans, liant inévitablement le chef de l'exécutif à une majorité parlementaire dont il dépendrait.

Les candidatures à l'Assemblée étant le fait des partis, celle du chef de l'Etat serait soumise à la volonté de ceux-ci et «sa désignation serait ­ ainsi ­ mêlée à la lutte directe des partis». Or la Constitution actuelle, si elle a prévu une présence de sept années du chef de l'Etat, c'est précisément dans le but de procurer à celui-ci une durée d'exercice de sa fonction sur deux législatures, c'est-à-dire éventuellement sur deux majorités différentes à l'Assemblée nationale et ceci pour assurer une continuité quant aux grandes orientations de la politique nationale alors que l'opinion peut être influencée par une conjoncture momentanée et à caractère extrémiste. C'est constater que, même en cas de différence, voire d'opposition, entre la majorité du président de la République élu au suffrage universel direct et celle des élus à l'Assemblée par des scrutins locaux, une garantie est actuellement donnée au pays que la poursuite des grands objectifs ne sera