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TRIBUNE

Les 500 ans du Brésil. Un pays ordinaire de légendes.

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par Zuenir VENTURA
publié le 18 avril 2000 à 23h59

Il y a une question classique que Brésiliens et étrangers passent

leur temps à se poser: quel est ce pays où cohabitent tant de contradictions et qui, d'un air amusé, se montre aussi réfractaire à toute classification? Baptisé par un Français ­ Roger Bastide ­ «Pays des contrastes», le Brésil est probablement plus que cela: le pays de l'ambiguïté. Ce n'est pas un hasard si nous avons «inventé» le mulato, [le mulâtre, sans connotation péjorative, note de la traductrice], notre recette à nous pour échapper à la polarisation, synthèse littérale et métaphorique de l'homme brésilien. Pour l'anthropologue Roberto de Matta, le mulato est l'illustration de la thèse que le Brésil, à la différence des Etats-Unis et de l'Afrique du Sud, aime le moyen terme, l'ambivalent et l'ambigu.

Les journalistes étrangers nous demandent souvent: le Brésil est-il chaleureux ou violent? S'il est chaleureux, comment expliquer tant de violence? S'il est violent, pourquoi la population affiche-t-elle une telle joie de vivre (1) comme on l'observe en marchant dans les rues? La seule certitude, c'est qu'on ne peut nous cerner avec un oeil manichéen ou cartésien. Le Brésil n'est jamais une chose ou une autre, mais les deux à la fois. Il n'est pas ceci ou cela, mais ceci et cela. Complexe imprévisible, chaleureux et violent, généreux et mesquin, honnête et corrompu, travailleur et paresseux, égoïste et solidaire, le peuple brésilien contredit à chaque instant ce qu'on dit de lui, en bien ou en mal.

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