Lors d'un incident mémorable emblématique des 500 ans du Brésil
le chef indigène Henrique Suruí pointa une flèche vers le président du Sénat Antonio Carlos Magalhães. Le vieil Indien se révoltait parce qu'A.C Magalhães, lorsqu'il était encore gouverneur de l'Etat de Bahia, avait permis aux fermiers d'occuper les terres des Indiens. Henrique fut évacué de l'Assemblée, mais son intention était bien d'avoir la peau du cacique blanc. Pauvre Suruí, dont le geste, même sur le point de tuer, restait hésitant. Les cinq siècles d'extermination infligée à ses ancêtres ne lui avaient pas dicté davantage de rapidité, ni même le choix d'une arme mieux adaptée à ses fins: une arme de Blanc.
Mais que commémorer de ces 500 ans? Il n'y a pas la moindre lueur d'espoir à l'horizon. Les célébrations se limitent à une grossière mise en scène de la «découverte» à Bahia, patronnée par la chaîne de télévision Globo, à une régate Portugal-Brésil. L'organisateur de ces réjouissances? Le joyeux Raphael Grecca, ministre du Tourisme. Le domaine culturel est écarté de l'événement: à l'exception d'une exposition à São Paulo, il n'y a pas le moindre espace dédié à une réflexion sur ce qu'est devenu ce Pindorama (littéralement cette Terre de palmiers, note de la traductrice) depuis le jour où le premier Portugais foula du pied l'une de ses plages. Que s'est-il passé depuis lors? Avant tout, l'utilisation même du terme «découverte» révèle un parti pris eurocentriste, lusitanien sur la question. Le Brésil co