Il n'est pas question de nier les effets bénéfiques de la
médiatisation des affaires d'abus sexuels sur mineurs: elle a contribué à la levée du déni et permis la détection de situations auparavant cachées.
Mais il faut bien admettre que la publicité autour de ces affaires (les sociologues parlent d'une ère «pré-» et «post-» Dutroux) n'est pas dénuée d'effets pervers. La vigilance actuelle tourne parfois à la déraison: la hantise obsessionnelle de l'inceste et de la pédophilie résonne dans le subconscient collectif, et influe sur les comportements individuels.
La crainte des abus sexuels semble faire de chaque père un abuseur potentiel, et les câlins «normaux» avec un enfant peuvent devenir le siège de tous les fantasmes" plus encore à la faveur d'un conflit conjugal. La peur de l'inceste peut en effet affecter le comportement de certains parents dans le contexte de divorces très conflictuels, marqués notamment par un affrontement autour de la garde des enfants. C'est dans un tel contexte que le pourcentage de fausses allégations augmente dangereusement. Le processus judiciaire peut alors, s'il est trop facilement sollicité, augurer d'années d'enfer pour tous les membres de la famille concernée.
Ainsi, quand le soupçon d'inceste et de pédophilie prend la dimension d'une obsession, la justice apparaît désemparée face à ce qu'il faut bien considérer comme une arme imparable: les accusations mensongères d'abus sexuels.
Pourtant, parmi les professionnels concernés (psychiatres, expert