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Libération

Plasticage, démontage.

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publié le 21 avril 2000 à 23h56

C'est une loi vieille comme l'agit-prop, que la modernité a

rebaptisée «communication»: plus les troupes sont maigres, plus le symbole doit être gras. Avec McDonald's (le mal) dans le rôle de la cible et sous le patronage implicite de José Bové (le bien), quelques réductibles bretonnants ont donc tenté d'accrocher leur wagon indépendantiste (la cause) à la locomotive corse (le modèle). A ce petit jeu à petit gain, leur pétard aurait dû n'accoucher que d'une photo mécanique dans la presse locale et trois lignes ailleurs, en témoignage dérisoire de leur pathétique isolement. Une jeune femme est morte, de par la défection d'un système de mise à feu. Ils vont payer très cher pour cette mort et cette défection. Et nous aussi nous aurions pu payer cher leur amateurisme.

Au premier jour, McDo la joue cool, et taiseuse, et modeste: ponctuelle victime d'un terrorisme «aveugle», la firme aurait bien aimé qu'un commun opprobre accablât José Bové en même temps que les plastiqueurs. Mais celui-là, au contraire de ceux-ci, est un pro du symbole et de la communication. C'est ici que prend, rétrospectivement, tout son sens la distinction sémantique qu'il avait fait valoir avec une insistance très didactique lorsqu'à Millau, l'été dernier, il avait lancé sa croisade contre la malbouffe. Rendant compte de leur action ostensiblement médiatique, Bové et la Confédération paysanne avaient d'emblée revendiqué le «démontage» du McDo aveyronnais, contre leurs contempteurs qui parlaient de «saccage». P