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Libération
TRIBUNE

Dans ce débat tonitruant entre partisans du prêt gratuit en bibliothèque et tenants d'un prêt payant, il faut répéter ceci: la lecture publique n'est pas l'ennemie de la librairie et de l'édition, mais leur alliée. Lecteur public, mon ami.

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par Jean-Marie LACLAVETINE et Daniel PENNAC
publié le 29 avril 2000 à 23h41

Le débat sur le prêt payant en bibliothèque a pris, ces derniers

temps, une ampleur et une vigueur inattendues. On ne peut que s'en réjouir: il permet à tous les écrivains de réfléchir à des problèmes qu'ils avaient jusque-là négligés, et qui dépassent de très loin les simples aspects techniques ou juridiques du dossier. Nombreux, parmi les 288 auteurs qui se sont prononcés en faveur du prêt payant, sont aujourd'hui tentés de se rétracter, quand ils ne l'ont pas déjà fait, estimant qu'ils ont obéi un peu trop rapidement aux sollicitations de leur éditeur.

A la faveur des prises de position publiques et d'analyses plus précises, ils perçoivent mieux les enjeux du débat. Leurs noms ont été publiés sans être accompagnés du texte qu'ils étaient censés approuver, ce qui suscite leur malaise, car cela revient à leur faire assumer en bloc les propos parfois très marqués idéologiquement de certains hérauts du prêt payant.

En effet, la question aujourd'hui n'est pas seulement de savoir s'il faut ou non exiger 5 francs à chaque emprunt d'un livre en bibliothèque. Les articles de G.O. de Chateaureynaud (Le Monde, 18 mars) ou de Denis Bénévent, libraire (Libération, 26 avril) sont à ce titre significatifs: à peine abordent-ils la question concrète du droit de prêt, préférant faire valoir un point de vue qui se veut plus large.

Que dit le vice-président de la Société des gens de lettres? Que le monde est une jungle, où chacun doit se battre pour «retirer son propre pain de la bouche de quelq