Menu
Libération

Deux raccourcis.

Article réservé aux abonnés
publié le 2 mai 2000 à 0h40

Pas tout à fait certain qu'elles soient tout à fait signifiantes,

mais tout de même, deux petites choses vues, samedi, dans Paris désert et enfin printanier. Tiens, je vous les inflige.

La première en allant quérir le bréviaire vespéral, au kiosque à journaux de ce quartier «populaire» où la citoyenne me précédant fit l'acquisition simultanée de deux magazines. Pourquoi me suis-je étonné qu'on pût, de la même bourse, tirer la picaille nécessaire au paiement de Télé 7 jours et d'Investir? Renseignement pris auprès du kiosquier, il appert que le choc subi par le mariage de ces deux titres ­ le sentiment d'absurde irréalité qu'il m'inspira ­ était tout à fait déplacé: selon l'homme de l'art et du papier recyclé, la télévision enchanteresse de Linda Hardy (en couverture cette semaine, «Bonne chance, Linda!») et l'apprentissage du boursicotage en ligne se révéleraient, auprès de la cinquantenaire au foyer, de jour en jour inéluctablement plus compatibles. Il doit y avoir là un signe des temps, maugréais-je en mon for, en m'en rentrant quérir, dans l'actualité du week-end, des nouvelles du front social-sociétal.

Ainsi appris-je ­ et ce fut le second micro-traumatisme du jour ­ que le défilé syndical du 1er Mai emprunterait lundi l'antique voie sacrée, le fameux République-Bastille des temps héroïques. Passée la bouffée proustienne d'anachronisme qu'il suggère, le Répu-Bastoche impose au piéton de Paris cette autre évidence qu'il est, pour un cortège prolétarien de 1er Mai, difficile