L'évolution de la société et de son rapport au droit permet
d'affirmer aujourd'hui que l'organisation et la dissolution du couple (mariage, Pacs, union libre) relèvent du domaine privé et de la liberté individuelle tandis que le statut de l'enfant, son droit à l'enfance et à l'éducation, la sécurité de sa filiation relèvent de règles d'ordre public échappant à la libre volonté de chacun. Il convient de prendre toute la mesure de cette ligne de partage privé-public, d'engager une réelle modification de notre idéologie juridique, d'aborder la question de la famille sur un schéma moins traditionnel et d'évoquer enfin la problématique de la séparation en d'autres termes que l'innocence ou la culpabilité (1).
Le législateur de 1993 avait commencé à imposer, dans l'après-mariage, les principes d'autorité parentale conjointe et de coparentalité qui impliquent, pour les parents, vis-à-vis de l'enfant, une égalité d'obligations et de responsabilités.
Cette réforme n'est pas passée dans la pratique et moins encore dans les mentalités: les institutions et l'administration ont continué d'ignorer les principes mis en oeuvre par la loi, magistrats et avocats ont, par leurs pratiques et leurs discours, renforcé l'idée d'un «parent principal» et d'un «parent secondaire», ils ont ainsi dissuadé les parents séparés de cet effort vers l'accord requis par la loi. Il fallait leur demander d'organiser entre eux la libre circulation de l'enfant, ils n'ont cessé de leur proposer, dans une routine stér