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Libération

Parlons-en toujours...

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publié le 4 mai 2000 à 0h35

Argumenter pour le droit de vote des étrangers résidents en France

relève du même exercice rhétorique que celui qui, il n'y a pas si longtemps, consistait à plaider pour l'abolition de la peine de mort. Dans les deux cas, la raison, la morale, le «bons sens» et l'intérêt de la République fondent un plaidoyer évident. En face, un ressassement fantasmatique, une nullité argumentative, en dérisoire cache-sexe, habille la réaction. Alors, quand la relance économique, quand Le Pen laminé, quand à peu près partout en Europe, quand les sondages, quand (même) Chevènement, quand tout enfin atteste que la question n'est pas illégitime, en face, quoi, pour répondre à la proposition de loi des Verts? D'abord, ineffablement, Jean-Louis Debré, pour énoncer la fumeuse théorie dite «du chiffon rouge», selon laquelle les partisans d'une réforme n'auraient d'autre but, avec cette affaire «passionnelle» (?), que de ressusciter une extrême droite diviseuse de l'opposition. C'est tordu, c'est normal, c'est Debré, passons. Ce qui est moins normal, bien qu'au moins aussi tordu, c'est la reprise du thème par certains ténors socialistes, en deux temps. Primo, un peu d'arithmétique: «Ça ne passera pas au Sénat, ni a fortiori au Congrès quand il faudrait réformer la Constitution» (certes, mais c'est quoi, la politique?); secundo, plus vicieusement: «Il ne faudrait pas que Lionel Jospin ­«d'accord sur l'idée», précise Guigou. Super!­ soit soupçonné d'arrière-pensées politiciennes.» Et lesquelles, s'il