Lancé en grande fanfare à un cours supérieur de 20% au dollar,
l'euro vaut aujourd'hui 10% de moins que la monnaie américaine. Les explications «politiques» de la faiblesse de l'euro se sont immédiatement multipliées. Les discordances européennes sur la politique économique, l'affaire Lafontaine puis l'affaire Haïder, aujourd'hui, le risque d'un retour au pouvoir des néofascistes italiens, tout se mêle pour hâter un verdict simple: l'euro est faible, parce que l'Europe est faible. Le diagnostic rappelle celui qui voulait, au début des années 80, lorsque le dollar s'échangeait contre 10 francs, que le dollar fût fort à l'image de l'Amérique d'alors; verdict immédiatement rangé au placard, lorsque le dollar perdit ensuite 40% de sa valeur en quelque mois.
Si l'on écarte ces explications «politiques», comment comprendre la «faiblesse» de l'euro? Il faut revenir aux prédictions qui avaient été avancées avant la création de l'euro. Deux écoles s'affrontaient. Pour la première, l'euro serait une monnaie forte, voire trop forte. Le raisonnement se déployait sur deux niveaux. D'abord, on comptait sur une forte demande d'euro: cette nouvelle monnaie internationale serait recherchée par les gérants de portefeuille ou les banques centrales. La demande s'est bien matérialisée mais elle a été plus que compensée par l'offre: l'euro a battu en effet tous les records en matière d'emprunts internationaux. La seconde raison pour laquelle on comptait sur un euro faible tenait à l'idée d'une Banq