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TRIBUNE

Chargé d'hypocrisie, le débat sur le vote des étrangers non communautaires aux élections municipales doit permettre de mettre fin à l'absolutisme des maires. Pour une nouvelle démocratie locale.

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par Roselyne BACHELOT-NARQUIN
publié le 10 mai 2000 à 0h29

Constater la fracture grandissante entre la classe politique et

l'opinion publique relève du lieu commun. Les maires, toutefois, semblaient échapper à l'opprobre général, mais cette appréciation optimiste mérite d'être relativisée. Aux dernières élections municipales de 1995, l'abstention a atteint 40%, ce qui signifie qu'un maire triomphalement réélu avec 60% des suffrages n'a mobilisé qu'un électeur sur trois.

En fait, la démocratie locale montre, elle aussi, des signes d'essoufflement. Comment en serait-il autrement, puisque le citoyen a trop souvent le sentiment de signer un chèque en blanc à un maire élu pour six ans, alors que le domaine d'intervention municipale concerne pour l'essentiel sa vie quotidienne. Sans ignorer les démarches innovantes de certains maires pour associer les citoyens à la gestion de la cité, ces expériences demeurent isolées et parcellaires. Pis même, elles relèvent parfois de la simple information ou du marketing électoral.

La réunion de quartier permet utilement de relever des dysfonctionnements qui perturbent la vie des habitants, mais elle est aussi le moyen d'asseoir une notoriété qui rend la mission impossible à d'éventuels challengers. Les journaux municipaux, payés par les contribuables, ne sont quasiment jamais l'occasion de débats de fond et laissent aux groupes d'opposition une place symbolique. Ceux-ci sont pratiquement condamnés à l'inexistence politique par le système proportionnel à prime majoritaire, puisqu'une liste qui a rassemblé