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Libération
TRIBUNE

Comme pour les Etats-nations, une identité collective a besoin de symboles. L'UE en manque de commémorations.

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par Albrecht SONNTAG
publié le 10 mai 2000 à 0h29

Parmi tous les reproches adressés à l'Union européenne, l'un des

plus récurrents est probablement celui d'être «trop éloignée de ses citoyens» et de ne susciter ainsi auprès d'eux aucun sentiment réel d'adhésion ou d'appartenance. Lorsqu'on observe les manifestations massives d'identité collective que les nations sont capables de déclencher ­ il suffit de se rappeler la dernière Coupe du monde de football ­, on apprécie aisément le handicap lourd que constitue un tel «déficit identitaire» pour la future évolution de l'Europe.

Mais qu'est-ce qui manque, au juste, à l'Europe aujourd'hui, un demi-siècle après le plan Schuman, pour devenir enfin celle des citoyens? Les nations, elles, n'ont pas été faites par la seule existence de leurs institutions politiques, d'un marché unique et d'une monnaie commune. C'est au contraire dans leurs mythes et leurs symboles, dans le partage de leurs souvenirs réels ou imaginaires qu'elles se sont construites et consolidées. Dans le domaine des symboles, l'Europe a certes fait des progrès. Le drapeau bleu étoilé semble être largement accepté, voire connoté positivement, et le signe graphique de l'euro est incontestablement une réussite esthétique qui facilitera son entrée dans nos porte-monnaie. Mais l'Europe manque singulièrement d'un élément dont on ne saurait sous-estimer le rôle dans le processus de construction des identités nationales: elle n'a pas de grande fête commémorative. Or les commémorations, ces célébrations plus ou moins festive