Menu
Libération

Le 11 avril, huit mois après avoir rendu publique son homosexualité, l'adjoint au maire de Barsac démissionnait. Lettre ouverte à Philippe Meynard.

Article réservé aux abonnés
par
publié le 10 mai 2000 à 0h29

Monsieur, nous ne vous connaissons que par la presse. Vous étiez

l'adjoint au maire de la petite commune de Barsac en Gironde. En août dernier, vous vous êtes résolu à révéler très officiellement votre homosexualité: vous avez fait une déclaration devant le conseil municipal ­ où vous n'étiez pas exactement un inconnu puisque, enfant du pays, vous y étiez élu depuis douze ans. Huit mois plus tard, nous apprennent les journaux, vous êtes amené à démissionner et même à quitter votre région en raison des manifestations haineuses qui vous ont accablé. Vous avez eu droit à toute la panoplie d'injures, de bassesses, d'attaques dont une certaine France, homophobe et veule, est capable.

Nous ne pouvons assister à une telle situation sans réagir. Vous êtes membre de l'UDF, donc, à nos yeux, de droite. Nous, nous sommes de gauche, plutôt tendance «gauche critique». Nous sommes certainement en désaccord politique avec vous sur bon nombre de points. Mais, face à la situation dans laquelle vous vous trouvez, nous tenons à vous faire part de notre totale solidarité. Il est des combats premiers que l'on se doit de mener sans tergiverser. Est-il nécessaire d'expliquer que là où l'on pourchasse l'homosexualité, l'air est malsain pour la démocratie? ["]Faut-il rappeler, en outre, que les nazis ne se préoccupaient pas de savoir si les homosexuels qu'ils déportaient et assassinaient étaient de droite, de gauche?

On vous a fait comprendre, paraît-il, que vous seriez plus à votre place «dans une