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Libération

A Rangoon, la France fait de la pétro-diplomatie. Total, étendard de la junte birmane.

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publié le 12 mai 2000 à 0h27

Monsieur Hubert Védrine, à la tribune de l'Assemblée nationale, a

donné un rare exemple de mépris. Mépris des réalités de la présence française en Birmanie, mépris à l'égard de tous ceux qui accèdent à l'information.

Non, monsieur le ministre des Affaires étrangères, notre «part de marché» dans ce pays n'est pas «infime» comme vous le prétendiez ce 25 avril.

Par la présence de Total, la France, est en tête des investisseurs. La compagnie pétrolière, chef de file du consortium Yadana, pilote le plus important projet jamais entrepris dans ce pays.

Comme ne cesse de le répéter Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, et porte-parole des démocrates vainqueurs des élections de 1990, la compagnie Total est l'étendard dont se pare la narco-junte birmane pour tenter de masquer ses crimes multiples.

Déjà, l'été dernier, la diplomatie française en Birmanie avait pris un tournant caricatural lors de la nomination à Rangoon de M. Amaudric du Chaffaut. Cet ambassadeur a en effet battu un record interne à l'administration française: il a passé quatorze ans en continu à la direction des affaires internationales d'Elf. Il quitta le groupe pétrolier en même temps qu'Alfred Sirven, qu'il avait côtoyé pendant trois ans. La pétro-diplomatie a toujours dessiné la trame des relations franco-birmanes. Votre réponse à l'Assemblée confortant la présence de Total en Birmanie confirme la tendance: comment désormais distinguer notre diplomatie birmane d'un appendice du service de communication de Total