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Libération
TRIBUNE

Favorable au quinquennat, le Président doit aller plus loin. Chirac entre velléité et versatilité.

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publié le 17 mai 2000 à 1h10

Le Président «réfléchit» au quinquennat qu'il condamnait hier. Qui

dit réflexion en langage chiraquien dit inflexion, donc conversion. C'est toujours comme ça avec Jacques Chirac. D'abord non, puis oui. D'abord, il est contre, puis il «réfléchit». L'entrée de l'Espagne et du Portugal dans le Marché commun, l'euro, l'arrêt des essais nucléaires, autant de sujets d'importance, autant de revirements. Dresser la liste exhaustive des reniements de l'ancien président du RPR serait fastidieux. L'essentiel, c'est ce que cela dit sur la façon de faire de la politique: une sorte d'art du relatif où plus l'affirmation est péremptoire, plus sa négation risque de se révéler vérité; où plus la conviction est affirmée, plus elle peut changer. C'est la politique versatile, celle qui apprend à l'opinion que rien de ce qu'exprime un responsable n'a d'importance puisque, le lendemain, il peut dire l'inverse, sous la pression ou par commodité.

On croyait les Français fatigués de cela. N'ont-ils pas sanctionné, il y a trois ans, l'auteur d'une dissolution qui, le 14 juillet précédent, jurait qu'il n'en userait pas? Mais l'opinion semble désormais davantage amusée qu'indignée par cette versatilité. C'est une dégradation supplémentaire que plusieurs signes attestent déjà. Les Français sont las des émissions de télévision dites sérieuses, où les hommes politiques sont interrogés par des journalistes non complaisants comme Ruth Elkrief sur TF1: c'est la marque que leur message n'intéresse plus. Que l