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Libération
TRIBUNE

Un policier, une magistrate et un avocat plaident pour l'utilisation de la caméra. Oui à la vidéo pour les gardes à vue.

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par Anne CRENIER-VAUDANO et Jean Danet
publié le 17 mai 2000 à 1h10

Introduite dans le projet de loi sur la présomption d'innocence par

les députés en seconde lecture, la disposition prévoyant l'enregistrement sonore des gardes à vue a été supprimée par le Sénat après un travail de lobbying mené par certaines organisations de policiers et de magistrats, qui ont donné ainsi l'illusion d'un front commun contre les avocats. La réalité des positions de chaque corporation est pourtant plus complexe. La ligne de fracture autour de l'amendement Bredin traverse en fait chaque profession au point qu'il est aujourd'hui possible pour des policiers, des avocats et des magistrats d'affirmer ensemble que l'enregistrement des interrogatoires est une garantie au service de la vérité.

Il faut aller plus loin en proposant l'enregistrement vidéo des interrogatoires. Quel est le principal objectif de cette mesure? Restituer la réalité d'un interrogatoire, les comportements de chacun et permettre aux magistrats de vérifier la concordance entre le récit oral et la retranscription des déclarations du gardé à vue. Des décalages mêmes infimes peuvent avoir des conséquences gravissimes sur l'établissement de la vérité qui dépend parfois de l'interprétation d'un mot ou d'une intonation. L'enregistrement permettra aussi de faire apparaître les questions posées à la personne, ce qui n'est pas toujours le cas dans les procès-verbaux.

Cette mesure ne doit pas être interprétée comme une marque de défiance vis-à-vis des policiers; elle limitera cependant la passion, les pres