Internet recrute, formulaire de conscrit à l'appui. La levée en
masse des internautes ne fait que commencer. Mais l'internaute sait désormais ce qu'il vaut. Dans les nervures d'Internet, il n'ignore plus qu'il est le nerf de la guerre. Or l'internaute marchande désormais sa valeur. Il négocie le coût de l'aveu. Il s'approprie le thème des enchères, si prisé sur le Web, et retourne le réseau comme un gant. A son profit. Le succès d'e-Bay le laisse bouche bée. L'économie, comme l'étymologie du mot y invite, se fait à la maison, entre soi, dans l'intimité feutrée des vieux rossignols fourgués. L'internaute impose ses conditions, propose son prix, détourne la logique commerciale d'Internet à ses propres fins. Il se sait créateur de valeur. C'est pourquoi il interdit qu'on l'exploite et qu'on maximise la plus-value sur son dos, comme s'il n'était qu'un vulgaire prolétaire. Il maîtrise les cours, détermine l'ordre du jour, fixe la règle du jeu: donnant donnant. Dès lors, cette prise de conscience de l'internaute va singulièrement compliquer la tâche des marchands du Web.
Dans la mesure où le client se vend lui-même, se monnaie en argent, l'offre gratuite du service devient alors la moindre des choses. Mais il faut payer les sources, rémunérer chaque unité de trafic.
Finalement, l'ego de l'internaute se dilate, s'enfle au point d'infléchir l'économie entière du grand réseau mondial. Les usagers du Web s'organisent en société civile de marché et rivalisent désormais avec l'économie mar