L'américanisation de la politique française progresse au triple
galop. Malheureusement, ses défauts caricaturaux s'enracinent beaucoup plus vite ici que sa face honorable. Nous importons toutes les dérives mais fort peu des contrôles et des contrepoids en usage là bas. Les exemples pullulent. La bataille de communication que se livrent déjà deux ans à l'avance Jacques Chirac et Lionel Jospin pourrait se dérouler à l'identique outre-Atlantique. Pour se faire réélire, le président de la République se construit un profil d'aïeul familier et chaleureux. A l'époque où il rêvait de la guerre des étoiles, Ronald Reagan exploitait déjà cette veine-là. Le Premier ministre ne veut pas, ne peut pas être en reste. Il confie donc ses souvenirs de cinéphile à une charmante interlocutrice avant de rire de bon coeur en compagnie d'acteurs et de comédiennes de renom. Il y a vingt ans, François Mitterrand relisait ses 110 propositions et Valéry Giscard d'Estaing voulait moderniser la France. Depuis, l'image a tué le message. La campagne de Paris trotte dans le même sens. A droite, malgré les efforts stoïques d'Edouard Balladur, la personnalisation absolue de la compétition a cannibalisé le débat. Françoise de Panafieu incarnait avec naturel l'archétype de la femme moderne, Jean Tiberi campait le métayer chassé par son maître, l'ancien Premier ministre, Edouard Balladur, symbolisait la nostalgie de la politique réelle, cependant que Philippe Séguin, le vainqueur programmé, triomphait en Her