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Libération
Critique

Livre. Une description des «sociétés réelles» qui constituent la région. Les Balkans sans fard. «Balkans: la crise», de Jean-Arnault Dérens, Folio Actuel, 372 pp., 40F.

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publié le 23 mai 2000 à 0h52

C'est l'une des meilleures synthèses sur les Balkans publiée depuis

quelques années. Historien et médiéviste de formation, Jean-Arnault Dérens mêle à beaucoup d'érudition un sens du détail concret alimenté par une longue expérience sur le terrain. oeuvrant d'abord pour diverses ONG, il se lança ensuite dans le journalisme, tout en animant depuis Podgorica, capitale du Monténégro, le Courrier des Balkans, passionnant site Internet (1) publiant des traductions d'articles des journaux de la région.

«Il n'existe pas de fatalité balkanique mais une histoire compliquée dont les conflits présents sont largement le résultat», affirme-t-il dès l'introduction du livre, soulignant que «toute l'histoire des Balkans semble régie par une dialectique compliquée entre ce qui unit des peuples fondamentalement proches par leur histoire et leurs cultures, et ce qui les distingue».

Il faut se méfier des faciles explications passe-partout. Ainsi, parmi les Albanais, catholiques, musulmans et orthodoxes coexistent sans problème, y compris parfois au sein d'une même famille. Ces trois confessions ont en revanche divisé Serbes, Croates et Bosniaques, parlant pourtant des langues presque semblables.

Plusieurs chapitres historiques racontent de façon claire et synthétique la conquête ottomane, la montée des nationalismes à la fin du siècle dernier, la fragilité des Etats-nations, le plus souvent autoritaires, nés sur les décombres des Empires austro-hongrois et ottoman après 1918. Lors de la Deuxième Gu