L'historien Jacques Le Goff avait sèchement réagi, dans les pages
«Rebonds» (15 mai), à une interview de Jacques Attali (5 mai) où celui-ci comparait notre époque à «un nouveau Moyen Age». Pour le médiéviste, il s'agit d'un contresens trop fréquent qui témoigne de l'ignorance des travaux des historiens ayant établi que ce moment de notre histoire, «qui n'a été ni noir ni doré, a été le contraire même de l'apocalypse que Jacques Attali promet à notre "nouveau Moyen Age». Jacques Attali, n'a pas apprécié. Il réplique à son tour.
Le plus grand médiéviste français me reproche d'avoir comparé les décennies à venir à un nouvel obscurantisme, d'y voir comme une répétition d'un passé d'ignorance, explicable par le seul jeu des forces technologiques. Aurais-je lu de telles bêtises que je me serais, comme lui, indigné. Mais aucune de ces idées n'est dans mon texte. Mon raisonnement visait au contraire à annoncer une période de formidable croissance, d'exubérance créatrice, d'émergence diffuse de réalités radicalement neuves; au cours de laquelle les progrès techniques entreront en collision avec les forces sociales qui les portent, les mouvements culturels qui les nourrissent et les réalités géopolitiques qui les contredisent.
Alors, pourquoi cette attaque en porte-à-faux? Mon crime, aux yeux de ce très illustre historien, est en réalité tout autre: j'ai osé employé le mot «Moyen Age» sans être médiéviste. Peu lui importe que je n'en aie parlé que métaphoriquement, que je n'aie utilisé c