Il peut paraître paradoxal, après les propos tenus par Jean-Pierre
Chevènement sur l'Allemagne, de parler d'une possible relance des relations franco-allemandes. Pourtant, tel pourrait être le cas, compte tenu de quelques évolutions récentes. Pour en mesurer la portée, un bref rappel historique s'impose.
Pendant une quarantaine d'années, le couple franco-allemand a été le moteur du processus d'intégration européenne. Longtemps fondé sur un équilibre des déséquilibres la force politique et nucléaire française, la puissance économique et monétaire allemande , le couple n'a pas manqué de traverser des moments difficiles lors de l'unification allemande et de la fin de la guerre froide: la première annonçait la normalisation politique de l'Allemagne, cependant que la seconde marquait la dévaluation du nucléaire comme facteur de puissance en Europe. Nonobstant une gestion initialement hasardeuse de l'unification par Paris en 1989-1990, le couple non seulement survécut à la rupture de l'équilibre des déséquilibres, mais il connut une période de relance. Le traité de Maastricht, avec le processus d'union monétaire, apporta une nouvelle fois la démonstration que la construction européenne était animée par le duo franco-allemand.
Il fallut attendre 1995-1996 pour que les relations franco-allemandes perdent leur caractère privilégié. Il y eut d'abord les hésitations françaises de l'été 1995 par rapport à la monnaie unique. Or l'union monétaire exigeait un sacrifice immense de la part