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TRIBUNE

En se retirant du Liban, Ehud Barak tire les conclusions d'un échec historique: un Etat hébreu allié aux minorités du Proche-Orient contre les Arabes. Israël, la fin d'une grande illusion.

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par Charles Enderlin
publié le 31 mai 2000 à 0h43

Ehud Barak vient d'enterrer une illusion israélienne aussi vieille

que l'Etat juif: «Créer la grande union des minorités du Proche-Orient. Unir Druzes, maronites, Kurdes et Israël face au monde arabe et musulman.» Déjà, en 1948, avant la guerre, le département politique de l'Agence juive proposait à Ryad Solh, Premier ministre libanais, de financer son parti politique. En 1954, David Ben Gourion, démissionnaire, suggérait au chef du gouvernement, Moshe Sharett, «d'investir du temps, des moyens, de l'énergie» pour susciter la création d'un Etat chrétien au Liban, futur allié d'Israël. Sharett lui répondit qu'une telle initiative serait un désastre pour les maronites et risquait de conduire à une nouvelle guerre avec la Syrie.

Mostafa Barazani, le chef des Kurdes irakiens, a été le premier à bénéficier de cette politique d'aide aux minorités, en 1963. Le Mossad lui a livré, via l'Iran, des armes et des munitions, alors que des conseillers militaires israéliens venaient l'aider à mener son combat contre le pouvoir central à Bagdad. L'affaire a fait long feu. En 1975, le shah a signé un accord avec l'Irak, mettant fin à cette révolte kurde.

Durant la même année, la guerre civile au Liban est venue réveiller les appétits israéliens. Les Palestiniens se battaient aux côtés des milices «islamo-progressistes» contre les forces chrétiennes. Qui se souvient aujourd'hui de la chute du camp de Tel Zaatar, du massacre de la Quarantaine? Des batailles de 1985? Des affrontements de 1989? Ce