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Libération

Nos chers disparus.

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publié le 31 mai 2000 à 0h43

On les cerne mal, Michel et Joëlle Leroy, qui prétendent obtenir en

justice ­ hier devant la cour d'appel de Bordeaux, demain devant le Conseil d'Etat, après-demain devant la Cour européenne de justice, sans doute ­ le droit de conserver le corps congelé de leur mère, au frigo depuis bientôt deux ans qu'elle est morte" On cerne mal leur motivation. Un couple de frère et soeur fous de douleur, et aspirant à «concilier le droit et l'amour», ou une paire d'allumés dont la science emballée a exacerbé le fol espoir de résurrection de leur génitrice, à l'heure des thérapies géniques et de l'endoscopie sans fil? Très naturellement, comme dans toutes ces histoires (dont celle du fameux Dr Martinot qui embauma et cryogénisa sa veuve, constitue le précédent emblématique), un peu de bon sens et une amère propension à scruter l'absurdité du monde font pencher pour la seconde hypothèse. Pauvres gens, peine-t-on à compatir" Malheureux gibier de charlatans (aux Etats-Unis qu'ils invoquent, le tarif de la cryogénisation, c'est 120 000 dollars le cadavre) éperdus dans leur chicane" Et puis, découvrant avec effarement que Michel et Joëlle sont respectivement professeurs de philosophie et de français, c'est soudain leurs élèves que l'on songe à plaindre.

Assurément, les descendants de Saint-Ex ont sur ces choses insondables un regard autrement raisonnable. On aurait retrouvé l'épave d'Antoine par cent mètres de fond méditerranéen? Qu'on l'y laisse! disent-ils. A la veille de la commémoration, f