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Libération
Critique

Les prudences coupables d'Eva Joly.

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publié le 8 juin 2000 à 2h01

Juge médiatique, c'est un travail à part. Et, malheureusement, il n'y a aucun cours à l'école de la magistrature qui y prépare. Ça s'apprend sur le tas. A coup de dérapages incontrôlés, d'opérations spectaculaires et de passages à la télé. La juge Eva Joly, chargée ­ avec l'affaire Elf ­ du plus médiatique des dossiers d'instruction, a eu beaucoup de mal à se faire comprendre. Elle n'est pas la première, mais elle n'a certainement pas vécu les pressions les plus dures, ni les tentatives de déstabilisation les plus graves. Avec un certain nombre de magistrats, elle est au centre d'un vrai débat sur le pouvoir des juges. Cette confrontation implique tous ceux qui ont approché les dossiers de corruption politique. Eva Joly y est de plain-pied, sans doute parce que ­ comme d'autres ­ elle n'a pas reculé devant d'importants personnages. Elle est la petite juge qui a fait tomber le président du Conseil constitutionnel. Elle aurait pu en rester là.

Mais elle a choisi de gravir une marche supplémentaire vers le panthéon des chevaliers blancs. La juge a écrit un livre et n'a pas hésité à programmer sa sortie le 6 juin, à quelques jours de la date initialement prévue pour le procès de Roland Dumas. Un choix risqué qui choque les rares avocats de la défense qui lui étaient encore favorables et fait accessoirement entrer son livre au rayon des autobiographies de l'affaire Elf, aux côtés de Christine Deviers-Joncour et autres Dédé la Sardine.

L'autobiographie d'Eva Joly ­ les 120 premières