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TRIBUNE

Quinquennat: moderne et demi.

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par Jacques-Michel TONDRE
publié le 8 juin 2000 à 2h01

C'est donc au nom de la «modernité» que Jacques Chirac s'est employé, lundi soir, à nous vendre la réforme du quinquennat.

En trente-six minutes, le chef de l'Etat a utilisé une fois le nom «modernité», à propos du dialogue social, et cinq fois l'adjectif «moderne», associé à «démocratie». Sans compter une sixième occurrence: «Il y a une bonne occasion de faire une réforme moderne, utile et sans risque.»

Soyons juste. Tout au long du débat sur ce que l'on pourrait appeler, pour céder à la mode, la réduction du temps de travail du président de la République, chacun y est allé de son petit couplet sur ce que le quinquennat pouvait avoir de «moderne».

Qu'est-ce à dire? Selon le Petit Robert, «modernité» date de 1849 et vient de l'adjectif «moderne», lequel apparaît en 1361, issu du bas latin modernus, lui-même calqué sur l'adverbe modo, qui signifie «récemment». Autrement dit, est «moderne» ce qui est «actuel ou contemporain».

D'évidence, en effet, le quinquennat, dès lors qu'il aura été adopté, pourra légitimement être tenu pour «actuel» et «contemporain». Mais, dans l'intervalle, cette définition peut aussi s'appliquer aujourd'hui au septennat, au sens où André Malraux faisait valoir que «pour un homme du XIIIe siècle, le gothique était moderne».

Le dictionnaire propose également une approche historique où l'adjectif «moderne» est opposé à «ancien» ou à «antique», comme dans la querelle des Anciens et des Modernes, et renvoie à une «époque postérieure à l'antiquité», à moins qu'il