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Libération
TRIBUNE

Le quinquennat: oui, mais...!

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par François LEOTARD
publié le 14 juin 2000 à 2h12

Dans le débat qui s'est ouvert autour du quinquennat, la confusion des esprits ne va pas tarder à répondre, comme en écho, à la confusion des pouvoirs.

Il est vrai que les Français se sont, hélas, habitués à cette deuxième confusion. Notre pratique constitutionnelle, qui n'a cessé, depuis 1958, de sacraliser l'exécutif, nous a ensuite donné l'occasion, peut-être dans un esprit de repentance, de le couper en deux par la cohabitation, de laisser largement l'administration faire la loi tout en maintenant le Parlement dans une situation d'abaissement à laquelle on lui demande régulièrement de consentir. Il le fait généralement avec une bonne volonté désarmante.

C'est cette situation même qui va se trouver aggravée par le projet d'un quinquennat dont on nous dit qu'il sera «sec», faute de trouver un adjectif qui en définisse mieux l'absurdité dès lors qu'une telle mesure se trouve dissociée d'une réforme constitutionnelle plus complète.

Dans la situation ou se trouvent les institutions de notre pays, établir le quinquennat sans renforcer les pouvoirs du Parlement, sans réformer l'Etat, sans accroître les responsabilités décentralisées, sans donner à la Justice les moyens de son impartialité, c'est changer le moteur d'un avion sous le prétexte qu'il lui manque une aile.

C'est néanmoins ce qui va se faire dans une étrange atmosphère d'apesanteur politique: à peu près personne de sérieux ne met en cause la qualité intrinsèque de cette réparation institutionnelle, peu d'observateurs s'in