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Libération

Nous sommes tous des hooligans.

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publié le 14 juin 2000 à 2h11

Je reviens de Bruxelles où s'est réuni le sommet de l'Unice (1 000 businessmen et la moitié de la Commission européenne, genre Seattle à l'européenne). Quelques réflexions. Bizarrement, ce business-meeting-lobbying, prévu le 20 juin, a été avancé au 9, date de l'inauguration de l'Euro 2000. Bizarrement, les infos concernant la chose ont été plus que distillées dans les médias. Bizarrement, une fois arrivés sur place, les 20 000 CRS «robocops», canons à eau, chenillettes, chevaux de frise et autant de mètres de barbelés new-look en lames de rasoir n'entouraient pas le stade, mais l'hôtel Sheraton, lieu bien connu de séjour des hooligans.

Bizarrement, les 100 courageux entartistes menés par Noël Godin qui attaquèrent en riant la réunion des VIPs qui réfléchissaient sur le thème «innovation et créativité» furent aussitôt interpellés, bastonnés, et emprisonnés pendant douze heures.

Bizarrement, une loi d'exception antihooligans votée en catimini donnait carte blanche aux 20 000 sympathiques flics, d'où aucune trace administrative. Bizarrement, la manif' du lendemain fut interdite, puis tolérée,

puis semi autorisée,

puis re-interdite, avant d'être semi-autorisée (de quoi faire hésiter les 2 000 personnes présentes, Attac, Droits devant, Confédération paysanne, etc.). Bizarrement, le numéro deux de Microsoft présidait les débats et ne semblait pas trop préoccupé de se faire couper en deux. Bizarrement, le lendemain, la Chose n'a que très peu fait couler d'encre. Normal: les Français o