L'annonce de la mort de Hafez el-Assad, bien qu'elle fût attendue et en quelque sorte annoncée, nous a causé à nous, Israéliens, désarroi, voire ahurissement: pendant de si nombreuses années, nous nous étions habitués à l'incroyable faculté de survie du chef d'Etat syrien. Nous étions accoutumés à la glaciation régnant dans les relations entre nos deux Etats, à sa posture de sphinx, et, par sa mort, voici que s'évanouit une composante pleine d'influence sur nos vies, la figure de l'ennemi plus impitoyable que quiconque, plus inflexible et plus cruel que tout autre.
Il est étrange d'avoir à prononcer l'oraison funèbre d'un ennemi, l'homme que nous avons combattu et que nous avons vaincu en 1973, dont nous nous sommes défiés, dont nous avons craint toutes les initiatives. Nous ne l'avons jamais aimé (comme nous avons aimé, par exemple, le roi Hussein). De même qu'il n'y avait pas en lui quelque chose qui pût éveiller en nous de l'attachement (comme nous séduisait Sadate). Et, cependant, cet homme-là a suscité en nous une certaine mesure d'admiration et de stupéfaction, comme en provoque une charade insoluble, une aporie, menaçante dans son mystère même.
Mais, au fond, ne recelait-il aucun mystère… Peut-être n'était-il, comme l'ont rapporté certains de ses interlocuteurs, qu'un homme privé de charisme personnel, presque gris, dénué de sens de l'humour, renfermé et suspicieux à l'extrême. Muré.
Il est difficile néanmoins de ne pas apprécier sa plus grande réussite: le fait qu'il es