Plusieurs députés de la majorité plurielle ont récemment rédigé une proposition de loi intitulée: "Le droit au travail au service d'une stratégie de cohésion sociale", dont ils ont présenté les grandes lignes dans Libération (voir pages Rebonds du mardi 16 mai). Ce texte part du constat que le chômage diminue de façon significative et qu'il est nécessaire de profiter de la reprise de la croissance pour permettre réellement à chacun d'accéder à l'emploi. Les députés reprennent à leur compte la formule de Lionel Jospin: "Oui à une société de travail, non à une société d'assistance." Quand on sait que le chômage de longue durée a pour effet de dégrader la situation financière des ménages, mais aussi d'affecter la santé et le bien-être psychologique, et de rendre moins intenses les relations sociales jusqu'à enfermer les individus dans la spirale de l'exclusion, on ne peut qu'approuver toute initiative visant à enrayer ce processus. Il convient toutefois de ne pas perdre de vue un autre enjeu du débat actuel, celui qui porte sur la précarité professionnelle et ses effets économiques, sociaux et politiques. Il ne faut pas, en effet, oublier que l'énergie déployée à réduire les statistiques du chômage risque d'être finalement peu rentable si elle n'est pas également utilisée pour créer des emplois susceptibles de contribuer efficacement à l'intégration professionnelle de toutes les personnes en difficulté aujourd'hui au chômage, et de toutes celles dont l'emploi est précaire ou me