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Libération

Accepter l'inflation

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publié le 26 juin 2000 à 1h51

La Banque centrale européenne (BCE) a remonté, en un an, son taux d'intérêt directeur de 2,5 % à 4,25 %. On ne peut certes pas encore parler de politique monétaire "restrictive", puisque, compte tenu de l'inflation, le taux d'intérêt réel à court terme n'est que de 2 %. Mais il y a de quoi s'interroger sur la validité des objectifs de la BCE et sur l'effet que peuvent avoir ses décisions sur le cycle d'expansion européen.

La BCE cherche à empêcher l'inflation de monter au-delà de 2 %. Pourquoi cette fourchette de 0 à 2 %? Si on tient compte des erreurs de mesure (on surestime probablement légèrement l'inflation effective) et de la convergence des prix en Europe (dans les pays les moins riches de la zone euro, le niveau de prix "rattrape" le niveau moyen de la zone, ce qui n'est pas de l'inflation), le milieu de cette fourchette, 1 %, correspond en réalité à une inflation nulle.

Ce choix-là est très important. Beaucoup d'économistes suggèrent qu'une inflation faible mais positive est préférable à une inflation zéro. Cela permet de surmonter certaines difficultés, comme les rigidités à la baisse des salaires ou de certains prix: comment faire baisser le prix relatif d'un bien particulier si le niveau général des prix ne monte pas? Il existe donc un risque que le taux d'inflation d'équilibre pour la zone euro soit supérieur à l'objectif d'inflation de la BCE. Ce risque est renforcé par la hausse des prix des matières premières, du pétrole notamment. Dans ce contexte, on peut crai