Parmi les hauts lieux de l'affrontement des mots, il n'y a pas que Millau. Il y a aussi La Hague, qui serait à Moruroa ce que le chef-lieu de l'Aveyron est à Seattle. On est loin, très loin de la bataille navale et si télégénique que se livraient, dans le Pacifique et le milieu des années 90, les commandos cagoulés de la Marine nationale et les Zodiac de l'internationale écologiste. Aujourd'hui, la Cogema et Greenpeace se font la guerre en Manche comme on fait l'amour. Et du champ clos et sous-marin de leurs ébats-débats exhibitionnistes remontent parfois, comme des bulles, de troublantes paroles. Ainsi de celles de la Cogema, après que l'un de ses canots eut mercredi sectionné le câble de la caméra alimentant le site écolo-Web en images de rejet de déchets nucléaires: le communiqué de l'industriel, tel un fantôme de speakerine de l'ORTF en grève, fait état (et c'est très amusant) d'un "incident indépendant de sa volonté". Ce disant, elle sait pertinemment, la Cogema, que, sauf à regarder comme un bras cassé un des pollueurs les plus professionnels du monde, personne ne la croira. Son humour est du fort au faible - exercice médiatique de dissuasion nucléaire, en quelque sorte -, par lequel la Cogema signifie dans un sourire qu'il ne faut pas trop la chercher. Et, pour que son propos soit tout à fait clair, elle précise que ledit incident "aurait pu mettre en péril la vie de ses plongeurs".
Pour mettre les rieurs de son côté, la Cogema a peut-être fait un mot de trop. Les gens