Samedi, ma petite cousine Anne se marie. Je dis "petite" car, bien qu'adulte, elle est encore plus jeune que celle que j'aime à appeler ma "petite" soeur. Sans doute Laure, elle, ne connaîtra-t-elle jamais la joie qui accompagne le grand jour de la sacralisation d'un amour.
J'ai bien reçu une invitation au dîner ainsi qu'à la soirée qui suivront la cérémonie, mais je n'irai pas. Car Laure n'a pas été conviée. Motif invoqué par mon oncle: "Nous avons peur qu'elle mette la famille du marié mal à l'aise."
Si j'avais la faiblesse de me leurrer, je me dirais que l'on a voulu faire là l'économie d'un couvert... et je ferais preuve d'indulgence. Je connais trop bien mes cousins et leurs parents pour savoir que l'éventuel rejet de la part de l'entourage du marié n'est qu'un odieux prétexte pour continuer de rejeter celle qu'ils ont transformée en paria de la famille.
Depuis trente ans que Laure a fait de moi une grande soeur responsable, j'ai essuyé les remarques les plus affligeantes: "Le mieux serait que ta soeur ne vieillisse pas!", "Elle sera là? (silence) Je ne sais pas si je suis libre." De nombreuses portes se sont fermées. On est même allé jusqu'à me reprocher de l'aimer...
Alors qu'il y a quelques jours ceux qui se disent victimes de l'homophobie célébraient leur différence dans les rues, j'aimerais parler d'une autre fierté, celle que j'éprouve au contact d'un être irremplaçable en présence duquel je ne cesse de m'émerveiller du miracle de la vie. Quand ma soeur, qui n'a de to