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Libération

Ponctué par un suicide.

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publié le 6 juillet 2000 à 2h51

Et un jour, la France découvrit ses prisons. Qu'est-ce qui, dans le début d'aboutissement constitué par les rapports parlementaires ad hoc, fut déterminant? Le très long et très obscur travail des associations qui, depuis Foucault et Livrozet, observaient ce que personne ne voulait voir? Evidemment, il y eut cela, pour que l'opinion s'ouvre enfin aux révélations du docteur Vasseur: médecin-chef à la Santé, c'est une qualité qui vous a une autre gueule, et partant, une autre légitimité que celle d'un ancien taulard et d'un "intellectuel", pour dire les viols, le caïdat, le mitard, tous les trafics et tout le reste. Et cette voix aussi fut déterminante. Bien sûr, elle faisait un peu fi du devoir de réserve. Mais, au moins, à défaut d'être "autorisée" par sa hiérarchie, elle venait de l'ordre, qui dut entrouvrir des portes. Les délinquants VIP vinrent en sus. Des photos sortirent, qui n'étaient plus tout à fait volées. La crasse des douches, l'écaillage des murs commencèrent à dresser le décor de ce qu'on peinait à imaginer autrement que statistiquement, en fait de surpopulation carcérale et de conséquente promiscuité. L'image télévisée d'un chiotte non cloisonné dans une cellule de 12 mètres carrés où se marchent dessus trois ou quatre détenus devient soudain didactique, lorsqu'il fait rentrer dans le champ la figure de Frédérique Bredin, députée. Le suicide d'Ahmed Rezala dans une prison lisboète (autant dire loin d'ici), faillit bien offrir un recours à la bonne conscience n