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Libération

""Baise-moi"", une affaire non classée.

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publié le 8 juillet 2000 à 2h55

Viol d'identité

L'hypocrisie majeure dans le débat (nécessaire) autour du film de Virginie Despentes Baise-moi (titre et fantasme imposé comme un syllogisme de notre libération sexuelle à parfaire) est dans l'argument qui prend l'enfance - encore - en otage. Ainsi l'égérie du tout-à-l'écran, Jeanne Labrune, réalisatrice, va jusqu'à affirmer dans Libération du 6 juillet que "les légions de l'hypocrisie, celles qui relèguent le sexe de leur enfant au clandestin, qui refusent de partager avec lui le questionnement sur le sexe...", et le reste à l'avenant, voudraient nous laisser croire que nous sommes revenus à l'âge des catacombes en ce qui concerne les paroles sur la sexualité échangées avec nos enfants. Comme si ce n'était pas le simple (pas si simple) fait de parler avec nos enfants qui transmet la meilleure représentation de notre sexualité toujours en devenir dans l'échange verbal. Parler, dire vrai, dire l'authentique qui nous traverse est sexuel. Depuis les Trois Essais sur la théorie sexuelle de Freud, l'humanité a fait un grand bond vers la représentation incensurée de la sexualité infantile et adolescente. Affirmer que nos ados vivent leur sexualité dans la clandestinité du fait qu'ils ne sont pas encouragés à aller voir Baise-moi c'est tout simplement argumenter sur les bienfaits du plus offrant au détriment du mieux offrant. Et puis il y a de l'hypocrisie dans cette façon de nous dire que le cinéma est "un acte de représentation et tout l'art est de faire que l'acte